- le Baron a écrit:
- j'ai eu l'occasion de faire un Cross-Pool sur un "Hunt" en 1992 ( Chiddingfold ? ) durant STANAV .
aaahh, moi aussi je me souviens...
et je confirme le sentiment général
à l'automne 1984, j'ai embarqué 15 jours durant à bord du HMS Brocklesby.
J'étais second radio sur le M906 Breydel, le SOO de Stanav' était à l'époque un Belge, le 1LV (ou déjà cpc, je ne sais plus) Gilbert Van Knipenberg. Il est venu à bord demander à notre patron, le commandant Jacques Rosiers, pour avoir un de ses télégraphistes pour organiser le bazar chez les Anglais. On partait pour une super manoeuvre avec un paquet de bacs de toutes nationalités, du côté de la Baltique, et les mecs n'arrivaient déjà pas à gérer leur plan de communications nationales avec l'autre chasseur rosbif présent, le HMS Cattistock, lui aussi un "Hunt", ce qui promettait des jours difficiles. Comme il avait pu expérimenter l'étendue des dégâts, il avait préféré prendre les devants, très prudent..
On m'y a envoyé - volontaire toutes missions, tout cross-pool, toute ânerie aussi, hein! Ce fut un plaisir de bosser là .. à partir du moment où leur patron a accepté que je me passe des services de son chef radio à lui, aussi branque qu'un certain officier radio qui a longtemps sévit sur le Westdiep, tu vois de qui je veux causer hein Mich'?!
comme j'étais très diplomate, ça m'a valu une grosse râlerie de sa part tout le temps de Stanav', mais après tout, l'avait qu'à être moins bête.
je me souviens que pendant nos cours de B2 (puis B1) télégraphiste, l'insistance sur la bonne maîtrise tant des procédures nationales qu'Otan était de mise. Y compris des connaissances élémentaires de procédures nationales étrangères - des notions de chez les Allemands, les Néérlandais, les Français, etc, survenaient pendant les cours. C'est pas pour faire le fanfaron, mais on peut dire "cocorico" pour les cours de la Marine belge : j'ai pas rencontré ça dans les autres Marines. A part les USA, qui détiennent selon moi le ponpon de l'incompétence en tant de domaines qu'il serait vain de préciser que pour les télécoms' en intégration Otan, ils ne font guère mieux, je crois cependant que les Anglais tenaient honorablement leur 2ème place en la matière. Déjà handicapés par leur unilinguisme forcené, et même pas du bon anglais d'Oxford mais un sabir à la limite du compréhensible (sauf après moults "down the hatch" de Navy Rhum peu compatibles avec le boulot..), ils l'aggravaient (mais est-ce que ça a changé?) par une méconnaissance pratique profonde de toutes les procédures et du matériel aux normes Otan. Et pour beaucoup de leurs chefs, on y rajoutait une arrogance de très mauvais aloi... eu égard aux piètres résultats engrangés par leur "magnifique matériel" et leurs "géniales procédures nationales"
passons.
au CPO, j'ai aussi été scié de voir le logement rudimentaire - à ce niveau, nos MSC étaient mieux que leurs nouveaux Hunt. Mais il est vrai qu'une fois qu'on grimpait à l'étage (si autorisé..), c'était un autre univers. Contrairement à chez nous, le hatch entre l'étage officier et "la plèbe" était quasi toujours fermé. Ca a permis quelques solides échanges intellectuels sur les qualités comparées de divers produits à haut degré d'alcool
si toi, mon cher Baron, ce sont les props' qui t'ont scié - et c'est vrai que ça faisait un de ces boucans, je parie qu'ils n'ont jamais dû déminer des mines accoustiques réelles pendant les essais techniques! - moi c'était l'électronique embarquée. Depuis la guerre des Falklands, on connaît les dégâts irréversibles de certains mauvais choix. Là, 15 ans après, rien de changé, la nouvelle génération était aussi handicapée que l'ancienne.
D'abord l'intégration OTAN de leur brol national, une vraie cata'. Je ne parle pas de la médiocre connaissance des procédures Otan, passe encore, on en avait chez nous qui avaient du galon et n'en savaient pas plus. Mais l'intégration technique était nulle, rien que de la camelotte anglaise aux performances dignes de l'Age de la Pierre Pas Encore Taillée. Il m'a fallu étudier leur matos au niveau paramétrage, son système de synchronisation, faire des essais avec le Breydel, et enfin piger (merci Newcastle Brown Ale!) comment faire fonctionner leur foutoir. Puis le plus difficile, obtenir de leurs opérateurs qu'ils acceptent de réfléchir et de cesser d'utiliser leur foutoir "à l'anglaise", ce qui le rendait quasi incompatible avec le matos du restant. La partie adaptation du personnel a été la plus difficile, j'ai passé des heures et des heures derrière leur dos à les obliger quasiment physiquement à agir comme il fallait, des têtes de mule. Mais on a réussi et tout ce beau monde a communiqué comme il fallait... jusqu'à ce que les manoeuvres soient finies, que je retrouve mon cher Breydel et sa bonne bouffe (Palmisano aux manettes, miam), et là ils ont repris les mauvaises habitudes.
Leur faire accepter aussi qu'un plan de communication qui prévoit des priorités qui ne sont pas leurs habitudes, c'est à respecter, parce que c'est la condition sine qua non pour que la vingtaine de navires puissent fonctionner comme il faut, c'était pas facile. Ils n'avaient pas l'habitude.
Leur rappeler qu'en Baltique, période de guerre froide oblige, les petits navires de pèche qui nous suivaient étaient des espions et que donc il fallait être strict avec l'usage des émissions électromagnétiques, dur dur. Le moindre pépin, ça prenait son micro et bavait ses soucis en clair et en affreux patois à destination de l'autre navire rosbif. Le personnel radio a cessé de le faire. J'ai pas réussi à faire respecter le plan radio par la plupart de leurs officiers. Un second maître belge de 18 ans et demi qui ose venir "leur donner des leçons" (des rappels de ce qu'ils sont censés connaître et appliquer), non mais et puis quoi encore, aow shocking, gode shave the queen, etc...
Un des trucs foireux dans le matos de transmissions se situait dans les nuisances causées par leurs émetteurs HF sur le sonar en chasse aux mines. Chez nous aussi, quand on utilisait le gros Siemens 400w, ça flashouillait tout l'écran. Mais avec le Rhode & Schwartz 100w, moins puissant mais plus précis et stable, on avait de bons résultats et quasi pas de brouillard. Cependant, nous, l'installation était le fruit de mises à jours successives, du passage de dragueur à chasseur, rien n'était conçu pour, pas d'isolation électromagnétique des cablages, pas d'étude des influences, rien. Eux, c'était du matos neuf, et c'était pareil. Dingue. L'implantation des antennes était faite en dépit du bon sens, suffit de voir où passaient les cables, un élève en première année d'électronique l'aurait tout de suite compris.
la stabilité du power supply, les génératrices, j'ai pas trouvé ça génial. On a plusieurs fois eu des soucis avec le matos à cause de "black outs", pour des navires neufs, ça fait un peu craignos
par contre, l'ambiance festive était comme sur les vieux dragueurs genre Bossington, yahooo
bref j'ai pas plus regretté cet embarquement-là que celui sur le FGS Rheinland-Pfalz, le HMCS Algonquin (y compris sur l'hélico, comme EW), sur le FS Galissonière ("la Galisse"), sur une frégate Kortenaer mais j'ai oublié laquelle, sur le FS Orion (cmt), sur le HNOMS Vale (mouilleur de mines), et d'autres que j'ai oublié car je me rappelle quand même qu'à chaque Stanaf' ou presque, j'ai réussi à obtenir un embarquement "pour étudier les procédures et matos étrangers"
c'est sûrement à cause de tous ces mélanges que je suis secoué, tabernak! Vite un ptit lait de caribouuu pour me retaper!