De quart à la coupée entre 08h00 et 12h00, je vois arriver deux nouveaux matelots qui montent sur la coupée. Le premier geste à faire lorsqu'on monte à bord, c'est de saluer le flag ce qu'ils ne font pas. Je leur dit de faire demi-tour et de revenir sur la coupée en leur "gueulant dessus". Ils refont les mêmes gestes et ... rebelote, pas de salut militaire. Je leur dit, pour la deuxième fois, de remonter sur le quai avec leur kit-bag et de revenir sur la coupée. Arrivé au milieu de la coupée je leur intime l'ordre de s'arrêter et de déposer leur barda. Je leur demande sur quel bateau ils sont mutés et me disent "sur le Bovesse". Je leur dit : "Et que fait-on pour monter à bord, bande de nazes ?" Un de deux me répond alors avec son accent brugeois : "Permichion de monter à bord ? " Je leur dit alors : "Non, on salue le drapeau, puis on monte à bord et on donne ses papiers !". Ils saluent le flag et mettent ainsi leurs panards sur le pont du Bovesse. Je prends leur papier de mutation, je leur demande de laisser leur kit-bag sur le pont et on se rend chez le cox'on. Entretemps, un des machinistes s'est rendu chez les plongeurs, leur a demandé deux sacs étanches, a mis les deux kit-bags dans les sacs, relié ceux-ci à une drisse et plongé les sacs dans la flotte côté bâbord. Les mecs, ne voulant pas payer leurs verres d'entrée, sont restés pendant 3 jours en première tenue jusqu'au moment où le commandant de l'époque (71-72) leur a donné l'ordre de payer un tonneau de jupiler (50 litres) pour tout l'équipage, sous-off et officiers compris. Ils ont pu, ainsi récupérer leur kit-bag et sont devenus nos meilleurs copains.