Dès le début de la guerre de 1914, le commandement français récupère dans les dépôts des équipages de la flotte quelque six mille hommes, qui vont constituer une Brigade de fusiliers-marins. A leur tête, un chef vite légendaire : le contre-amiral Ronarc'h. La plupart de ses marins sont comme lui, des Bretons, souvent formés à la rude école de la pêche. Si certains sont de vieux réservistes, jugés trop âgés pour servir sur les navires de guerre, d'autres au contraire sont de très jeunes volontaires, sortant de l'école des mousses. Certains n'ont pas même dix-sept ans.
Le 7 octobre, la Brigade s'embarque à destination d'Anvers. Elle doit s'arrêter à Gand, pour livrer une bataille défensive et couvrir le repli de l'armée belge. Puis elle bat en retraite, talonnée par les Allemands, qui poursuivent dans les Flandres leur course à la mer.
La Brigade Ronarc'h s'arrête enfin sur l'Yser, à Dixmude, le 16 octobre. Les marins ont reçu l'ordre de tenir sur place. Pendant près d'un mois, ils vont subir bombardement et assauts incessants. Ils parviendront à défendre la tête de pont et les rives du fleuve.
Tandis que l'armée belge doit se résoudre à inonder le pays pour paralyser l'avance ennemie, les marins s'installent devant Dixmude dans des tranchées vite transformées en bourbiers par les pluies d'un rude automme.
Finalement, un ultime assaut allemand emporte la ville le 10 novembre 1914. Mais l'Yser ne sera pas franchi. Les combats ont coûté à la Brigade un millier de tués et plus de trois mille blessés, prisonniers et disparus.
Source : La bataille de l'Yser - Jean Mabire