https://youtu.be/n34OyGfYq-AConstruit en 1911 par le chantier Blohm & Voss de Hambourg,
pour le compte de l’armateur Reederei Ferdinand Laeisz
Ses caractéristiques
Quatre-mâts barque à la coque métallique, ce fut l’un des trois clippers, avec le Peking et le Pamir, à être construits
à la demande de R. F. Laeisz pour le commerce des nitrates entre le Chili et l’Europe, via le Cap Horn qu’il passa
39 fois !
Il fut lancé le 20 septembre 1911. Son nom correspond à l’anglais Trade wind et au français Alizé.
Long de 98 m et large d’un peu plus de 14m, son tirant d’eau est voisin de 8 m.
Jauge brute : 3 100 tonneaux, jauge nette : 2 880 tonneaux, port en lourd : 4 700 t.
Hauteur des mâts au-dessus de la ligne de flottaison : 56 m
Surface de voilure : 4 600 m2
Poids de ses ancres : 2 x 3.5 t
C’était un navire rapide, capable d’atteindre Valparaiso en 71jours, le retour vers l’Europe s’effectuant en 90 jours.
Sa vie commerciale
Il n’effectua que quatre voyages, chargé de nitrates, avant d’être bloqué à quai dans le
port chilien de Iquique, en 1916, à cause de la première Guerre mondiale. Il y resta
bloqué, avec son sistership, le Peking (lancé aussi en 1911), jusqu’à la fin de la Guerre.
En 1921, il fut livré à la France en compensation de dommages de guerre, pour être
finalement revendu à son ancien propriétaire, F. Laiesz, en décembre de la même
année (13 000 £). Il reprit son commerce antérieur mais souffrit de contretemps à cause
de deux abordages en Manche.
En 1931, il fut vendu au Capitaine Gustaf Erikson (installé à Mariehamm, Iles Åland,
archipel finlandais sur le Golfe de Botnie, en Mer Baltique), dont la flotte a compté une
cinquantaine de navires entre les deux guerres, parmi eux les
célèbres Pommern, Olivebank, Hougomont, Archibald Russell,
Melbourne, Pamir, Penang (ex Albert Rickmers), Pestalozzi, etc. Naviguant dès l’âge de
10 ans, Erickson, devenu Capitaine au long cours, prit son premier commandement en
1900, il a alors 28 ans, sur le Southern Belle qu’il achètera quelques années plus tard! Il
devint armateur en 1913.
Le Passat fut dévolu au commerce du blé avec l’Australie. A noter que Erikson restait
fidèle aux navires à voiles alors que ses concurrents, anglais en particulier, se lançaient
dans la navigation à vapeur, faisant construire des steamers et bradant leurs voiliers…
Iles Åland
F. Massard 2/2 28/04/2005
Le Passat resta à quai à Meriehamm, avec le Viking et le
Pommern, durant la période 1939-1945.
En 1946, il commerça avec l’Afrique du Sud (marchandises et
passagers) qu’il atteignait en 82jours. Puis fit ses deux
derniers voyages de transport de blé, l’un en 1947 de conserve
avec le Viking, l’autre en 1948 avec le Pamir.
En 1947, il rallia Port Victoria (Australie) à Falmouth (Cornouailles)
en 143 jours.
Le « Pommern »
En 1950, le Passat fut vendu (en même temps que le Pamir) à
Van der Loo (Anvers) pour être ferraillé. Cependant, n’ayant pas été démantelé tout de suite, il fut revendu en juin
1951 à un shiplover argenté, H. Schliewen (Lübeck), qui dut le revendre après des soucis financiers. Afin de
devenir un navire-école pour les élèves de la Marine Marchande, il fut réaménagé à Kiel et alors motorisé (moteur
de 1 000 ch), cette faible puissance lui permettant une vitesse de 6 nds. Par vent favorable et lorsque toutes ses
voiles étaient déployées, il pouvait atteindre 18 nds. Son équipage comptait une centaine d’hommes.
Il fut à nouveau vendu aux enchères, en avril 1954, à Schleswig-Holsteinisches Landesbank, puis en 1956, à la
Stiftung Pamir und Passat (Lübeck) qui le remit (avec le Pamir) sur la ligne d’Argentine.
En septembre 1957, il vint chercher une cargaison de blé en vrac à La Plata, mais sur son trajet de retour vers
Hambourg, aux côtés du Pamir, ils furent pris dans l’Atlantique Sud dans un ouragan qui fit riper la cargaison du
Pamir, ce qui entraîna sa perte (seuls six marins furent rescapés, sur les quatre-vingt-six de l’équipage). Le Passat,
lui arriva à Hambourg en décembre 1957 et y fut désarmé.
Navire-école à quai à Travemünde depuis 1960, le Passat est maintenant un navire musée.
Un des plus grands armateurs de voiliers de commerce au long cours du début du XXe siècle
La Société Reederei F. Laeisz fut fondée par Ferdinand Laeisz, né en 1801 à Hambourg. Son premier navire fut le
brick Carl (prénom de son fils), construit en 1839 par J. Meyer. Dès 1852, Carl travailla avec son père, faisant
construire de nouveaux navires, et leur entreprise prospéra rapidement. En 1862, le chantier
Stülcken leur livra un trois-mâts barque, le Pudel, encore en bois celui-là, puis toute une série de
voiliers à coque métallique dont le nom commençait par la lettre « P », ce qui fit rapidement
surnommer la compagnie : « The Flying P-Line » ! D’autres navires, achetés d’occasion, furent
également rebaptisés avec des noms débutant par un « P ». La plupart de ces « P-liners »,
comme ils furent appelés, naviguèrent au commerce des nitrates avec l’Amérique du Sud. Ces
navires étaient puissants, rapides et très bien équipés pour l’époque.
En 1912, les fils de Carl Laeisz reprirent la Compagnie à leur compte, mais, malheureusement,
Herbert fut tué dès le début de la Guerre, et c’est donc Erich qui géra la Compagnie entre les
deux guerres, mais mourut à son tour peu de temps après le Seconde guerre mondiale.
La plupart des navires que Laeisz fit construire le furent par Blohm & Voss à Hambourg, ou par Tecklenberg à
Geestemünde. Ces fameux « P-liners », ainsi que d’autres magnifiques quatre-mâts et cinq-mâts barque furent
tous construits au début du XXe siècle : Passat, Pamir, Peking, Padua, Pisagua, Pommern, Potosi, Preussen,
Priwall, ou encore Viking, Lawhill, Olivebank, Kommodore Johnsen, etc.). Le Preussen resta d’ailleurs le plus grand
voilier du monde jusqu’à la mise en service du France II (affecté à la ligne de Nouvelle-Calédonie pour le transport
du minerai de nickel). Ce furent les plus grands voiliers jamais construits et les derniers cargos cap-horniers
naviguant à voiles.
Deux de ces voiliers « P » naviguent encore : le Padua, devenu le Krusenshtern et le Kommodore Johnsen,
devenu le Sedov (du nom de Georgy Sedov, officier de la Marine qui parti en 1912 à la conquête du Pôle Nord,
mais mourut en chemin en 1914), tous deux sous pavillon soviétique (avec l’aide financière des Allemands, au
moins pour le Sedov).
https://youtu.be/t1po7y6VbeA