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Le rendez-vous des anciens et amis de la Force Navale - Het rendezvous van de oudgedienden en vrienden van de Zeemacht
 
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 A955 Eupen (ex Eureka)

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maurice
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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 17:59

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comme EUREKA en ??
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maurice
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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 18:01

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En 1962 belgique Smilie 53
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Gérald
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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyVen 12 Aoû 2011 - 21:23

Escellent Maurice,

Magnifique photos d'archives.

super super
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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyMar 25 Oct 2011 - 11:00

Bien le bonjour,

Voici une histoire sur le Eupen.
Merci à Roger B. pour les documents.

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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyMar 25 Oct 2011 - 20:45

super document gégé merci pour la lecture
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Georges de Verviers
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MessageSujet: Article de presse sur la campagne de l'Eupen en 1961   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyVen 28 Oct 2011 - 18:02

Document unique : Un article de presse paru dans la gazette verviétoise, "Le Jour" le 15 juillet 1961. Je n'ai pas pris le départ mais ai muté dans la baie de Quiberon et suis revenu deux mois plus tard que prévu.

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Georges de Verviers
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MessageSujet: Conférence 2011   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyLun 31 Oct 2011 - 20:56

Salut les copains,

Comme je suis en confit avec les hébergeurs d'images, en attendant d'avoir résolut mes problèmes, je vous envois ci-dessous, le début le la conférence que j'ai donnée au MRA au début de cette année. On y parle de 'l'Eupen, ça va peut-être intéresser quelques uns. N'ayant pas encore su héberger des images d'une manière un peu civilisée, les images seront pour plus tard.

Alors, allons-y !

La Propulsion maritime . . . son histoire
(Conférence au MRA le 23 février 2011)


Introduction

Bonsoir ! Je vais commencer par vous remercier d’être venus si nombreux. Comme vous l’avez appris par l’invitation, le sujet de la conférence de ce soir est de la propulsion maritime.
Tout le monde a déjà vu un voilier et sait que les bateaux modernes utilisent une hélice pour avancer. Il ne m’en faut donc pas dire plus. La conférence est terminée, et je vous remercie pour votre attention.

Hum, hum, je me rends compte que je viens de rater mon entrée en matière, vous ne trouvez pas ?
Bon, soyons sérieux ! Je vais virer de bord « Lof pour lof » et prendre le cap que j’aurais dû prendre directement, en commençant par une petite mise au point.

Au départ, il entrait dans mes intentions, en plus des systèmes externes de propulsion, de parler aussi des engins mécaniques qui les activent.
Il est rapidement apparu que la tâche était trop vaste dans le cadre d’une seule soirée de conférence.

Les engins mécaniques activant les systèmes externes de propulsion, feront donc l’objet d’une conférence séparée.

Systèmes externes de propulsion des navires

Mais posons-nous d’abord la question : Qu’est-ce qu’un propulseur ?

Un propulseur est, n’importe quel système transformant l'énergie mécanique, éolienne, hydraulique ou nucléaire qu'il reçoit, en force motrice faisant se déplacer les bateaux.

Un peu d’histoire

Nous sommes réunis ce soir pour parler de la propulsion marine. Nous parlerons en fait, de pratiquement tout ce qui peut être utilisé pour faire avancer les bateaux, en essayant d’en oublier le moins possible sans pour autant entrer dans des détails fastidieux qui n’apporteraient rien de plus.

Il y a les moyens habituels bien connus de tous, comme la voile ou les hélices actionnées par un moteur. Mais il y en a d’autres qui sont moins habituels et je vais commencer par un petit exemple tout à fait atypique :

Sur l’Eupen

Lors de mon séjour à la Force Navale, j’ai eu la chance de naviguer plusieurs années à bord de l’Eupen, l’A955, qui a été le premier bateau océanographique de la Force Navale. Il était en fait affrété par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (Le musée). Notre mission, lors de nos grandes campagnes, consistait en l’étude des courants marins, force et direction, de la température et de la composition de l’eau de mer à différents endroits et à différentes profondeurs de la Méditerranée.

Pour ce faire, le bateau étant à la dérive, nous laissions filer dans l’eau une longue ligne à la poupe. Au fur et à mesure que la ligne descendait, on y fixait des éprouvettes métalliques ouverte à leurs deux extrémités avec la possibilité de fermer, à un moment donné, le haut et le bas. Ces éprouvettes, des tubes, sont appelées « Bouteilles à renversement. »

On fixait au même endroit que la bouteille, un messager, une sorte de curseur coulissant sur la ligne. Dès que la ligne était complètement dévidée et les bouteilles à leur place, à une heure convenue entre les différents bateaux qui effectuaient les mêmes recherches à d’autres endroits du Détroit de Gibraltar, le responsable de la manœuvre laissait filer, le long de la ligne, un messager semblable à ceux se trouvant déjà attachés aux éprouvettes immergées. Ce messager, en plomb, coulissait sur le câble et atteignait rapidement la première bouteille ce qui provoquait une réaction en chaîne. L’éprouvette se détachait de sa fixation supérieure, se retournait, provoquant la fermeture des clapets à ressort, emprisonnant l’eau dans le récipient. La bouteille retournée, le messager de l’endroit était libéré. Il descendait à son tour jusqu’à la bouteille suivante et la même procédure recommençait jusqu’à ce que toutes les bouteilles, aient été retournées et fermées. Les scientifiques remontaient alors la ligne et récupéraient toutes les éprouvettes et leurs messagers. Après avoir marqué chaque bouteille, le vrai travail des scientifiques ne faisait que commencer.

Ce qui était curieux, c’est que dans le Détroit de Gibraltar, la ligne partait d’abord vers l’est, emportée par le courant. A partir d’une certaine profondeur, la ligne changeait résolument de direction et partait vers l’ouest, vers les eaux de l’Atlantique. On nous expliqua, sans plus, qu’il s’agissait d’un courant contraire qui se trouvait plus bas.

Phéniciens

Ceci nous amène à parler d’un peuple de marins extraordinaires : les Phéniciens.
Peu après 1.200 avant JC, ces marins se trouvèrent un peu à l’étroit dans leur Méditerranée qu’ils connaissaient trop bien et où ils avaient installé des comptoirs commerciaux un peu partout le long des côtes. Le courant de surface ainsi que le vent soufflant de l’océan d’ouest en est dans le Détroit de Gibraltar étaient trop puissants pour leur permettre de passer ce goulet avec leurs bateaux.

Cela dura jusqu’au jour où, tout comme nous sur l’Eupen, ils se rendirent compte qu’il existait un autre courant, de sens inverse sous celui de surface. Ils inventèrent une sorte de piège à courant. Des sacs remplis de pierres attachés au bout d’une longue aussière fixée à l’avant du bateau, étaient jetés à la mer. Pour commencer, l’amarre immergée filait sous le bateau, l’entraînant vers l’est. Puis, peu après, le piège ayant atteint le courant inférieur, prenait en charge le bateau et le traînait, avec le courant, hors du Détroit, dans l’Atlantique. L’ère de nouvelles découvertes venait de débuter pour les Phéniciens. Ils avaient découvert un moyen de propulsion tout à fait ingénieux et plus jamais utilisé depuis lors. Le courant profond tirait les bateaux hors du piège doré de la Méditerranée.
Tout ça était et est encore une affaire de sel, mais les Phéniciens ne le savaient pas.

En effet, L’eau de la Méditerranée subit une forte évaporation ce qui la rend très salée, donc lourde. Cette eau salée, via le Détroit de Gibraltar, plonge dans l’Atlantique aux eaux moins salées, donc plus légères. Pour compenser cette perte, l’Atlantique envois, en surface, via le Détroit de Gibraltar, de l’eau moins salée, donc plus légère dans la Méditerranée.


Ceci termine ce premier récit.

A une autre fois,



Georges

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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyLun 31 Oct 2011 - 21:08

Et toute l'eau qui s'évapore de la Méditéranée retombe sur la Belgique A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 414845

Blague à part Georges, un sujet intéressant que l'Eupen que, je connais peu A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 405572
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Georges de Verviers
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MessageSujet: Arbre cassé (Deuxième partie)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyMar 1 Nov 2011 - 22:09

A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 Mini_1110301001551403658980550

Comme il est plus agréable de lire un texte normal plutôt que sur une copie de magasine, je me suis dit qu'il valait mieux que je reprenne le flambeau.

Voici donc la suite de "L'Arbre cassé."


Après trois mois de campagne océanographique en Méditerranée, l’Eupen, ce bateau mythique partagé entre la Force Navale et l’Institut des Sciences Naturelles de Belgique, vient de casser un arbre d’hélice et est immobilisé à Gibraltar. Les travaux n’avancent pas et les problèmes administratifs n’arrangent pas les choses. Nous venons de quitter nos amis alors qu’ils viennent de nommer deux COR et où les mouches font des attaques en règle.

Gibraltar, le 3 septembre 1962

. . .
Comme Roger est revenu, je lui ai rendu son stylo.
Il y a à la machine, une génératrice qui était légèrement rouillée. J’ai passé une partie de la matinée à la repeindre. Vers dix heures, les anglais sont venus à bord avec un outil que nous n’avions pas et ils ont su enlever le reste de l’embrayage. Comme nous sommes pressés, nous avons aidé à démonter complètement l’embrayage. Quand je dis complètement, j’exagère un peu car il n’y a que la moitié du travail qui est fait. Je ne voudrais pas nous vanter, mais il est quand même temps que nous surveillions le travail car les anglais s’en fichent carrément.
On voit que l’on approche du six, car il n’y a plus d’argent à bord pour payer la nourriture. Aujourd’hui, nous avons mangé des conserves à midi. La seule chose qu’il y ait encore en quantité suffisante est, les pommes de terre. Heureusement, elles sont encore belles.
Tu vois ce qui arrive quand il y a beaucoup à raconter, on oublie la moitié. J’allais te passer un moment assez mouvementé que nous avons passé ce matin. Nous étions littéralement ensevelis par les cancrelats, alors on a décidé de les exterminer. Dans notre cabine, nous avons ouvert les armoires et les tiroirs. Nous avons fermé le hublot. Avec une bombe insecticide nous avons tout rempli de gaz et ensuite on est sorti en fermant la porte. Ce gaz asphyxiant est resté toute la matinée. Quand on a ouvert la porte, tu aurais dû voir l’hécatombe. Il y avait des centaines de cancrelats les pattes en l’air. Malgré ça, il a fallu faire vite pour les évacuer car ils étaient seulement dans les pommes et l’air pur qui entrait dans la cabine les ranimait. On a profité de cette occasion pour faire un grand nettoyage de la cabine. Elle en avait bien besoin. Moi, j’ai mis de l’ordre dans mon tiroir et j’ai un peu arrangé mon lit. Comme après j’étais fatigué, je me suis couché dessus.


Gibraltar, le 4 septembre 1962

. . .
Je dois t’annoncer que l’embrayage est complètement démonté. Les anglais sont capables de refaire un nouvel axe, mais il nous faut l’autorisation de nos chers compatriotes belges. Tu peux si tu veux, séparer le mot en deux. Tu mettras alors un « n » à la première syllabe à la place du « m ».
. . .
Dans dix minutes on va souper, il faut que je quitte la table.

Mon Amour,

Je reprends maintenant ma correspondance que j’avais quittée tout à l’heure. Tu t’étonnes peut-être du changement de couleur du papier sur lequel je t’écris. C’est tout simplement que j’ai changé de magasin pour me le procurer. A la place de le demander au télégraphiste, je l’ai demandé au « Catcheur » (L’adjudant).
Je suis pour le moment, on ne peut plus tranquille, tous les types qui ne sont pas de quart sont sortis. Moi, je remplace Roger. A la radio, j’écoute « Pèle mêle » une émission de disques demandés à radio Tanger. On entend presque toujours comme noms, que des Ahmed et des Moustapha. Que veux-tu, ce n’est pas le Maroc pour rien.

Gibraltar, le 5 septembre 1962

. . .
Nous n’avons toujours aucune nouvelles de Bruxelles. C’est à croire qu’ils sont tous morts là-bas et déjà dans un état avancé de pourriture. Avoues qu’ils se moquent vraiment de nous et de nos femmes qui elles aussi attendent notre retour. Sitôt que je saurai quelque chose d’intéressant, je te l’écrirai directement.
Je vais encore t’envoyer quelques photos, comme ça ma valise sera moins lourde quand je rentrerai.
. . .
Il y a en ce moment J. Hallyday qui chante « Retient la nuit » et je pense que je ferais bien de te dire la même chose, seulement moi je ne sais pas pour quand il faut la retenir et c’est ça qui est terrible.
Nous sommes ici à attendre bêtement de savoir ce qu’il faut faire. Si nous savions faire avancer le travail, il est certain que le temps nous paraîtrait moins dur de rester ici. Mais tant que ces abrutis de supérieurs de notre belle marine continueront à être payés pour ne rien faire, nous pourrons rester ici longtemps.
. . .
Aujourd’hui nous avons réparé le moteur de l’Ar Pen, le canot pneumatique. Il y avait le joint de culasse qui était complètement abîmé et l’eau de refroidissement entrait dans le moteur. En général, on ne sait pas faire des joints ainsi et il faut les acheter. Mais comme nous n’en avons pas en réserve et qu’on en a pas trouvé dans les magasins spécialisés, on a dû faire notre possible. Ce n’est pas un travail aussi solide qu’il faudrait, mais nous n’avons que les moyens du bord pour travailler. Quand le moteur a été remonté, on s’est empressé de l’essayer. Il va très bien, même à pleine vitesse. Seulement il faudra quand même le manier avec respect pour que le joint ne se casse pas une deuxième fois. Après les essais, le chef machine a été dire au commandant que c’était réparé et que le moteur tournait bien. Le commandant a alors répondu : « Ne l’usez pas trop parce que nous pourrions en avoir besoin dans le golfe ». Le vieux est de jour en jour plus optimiste.
. . .
Le premier lieutenant m’a dit que je devais me dépêcher d’aller chez le coiffeur. C’est formidable, mes cheveux sont à peine longs. J’irai quand même demain après-midi puisque je serai quart libre.

Gibraltar, le 7 septembre 1962

. . .
Aujourd’hui nous avons enfin des nouvelles de notre chère patrie. Ce ne sont même pas de bonnes nouvelles, le message disait seulement : « Réparez ! ». Vos amis et supérieurs d’Ostende et de Bruxelles.
Je ne peux pas t’affirmer que ce sont les termes exacts du message, mais ça veux dire la même chose. Puisqu’il faut bien exécuter les ordres, même les idiots, nous avons porté l’axe ce matin à l’atelier. Les anglais toujours très aimables, nous ont affirmé qu’il leur faudrait environ huit jours pour refaire une nouvelle pièce. Evidemment, quand on les a vu travailler, on peut se demander s’ils seront capables d’aller aussi vite. Quand la pièce sera faite, il faudra encore tout remonter et peut-être faire des essais. Je ne sais si on voudra nous laisser remonter nous même, mais pour la rapidité et la qualité du travail il vaudrait mieux que ce soit nous qui le fassions.
. . .
La seule chose que je sais de précis, c’est que quand tout sera prêt, il nous faudra cinq jours pour rentrer.
. . .
Tu te rappelles que hier, je t’avais dit que j’allais sortir cet après-midi pour aller chez le coiffeur. J’ai maintenant les cheveux bien coupés, mais je ne suis sorti. Ca t’étonne certainement, aussi je vais t’expliquer comment ça se fait. Je dois te dire que cette sortie ne me plaisait guère. J’ai alors demandé à Riton s’il voulait bien me couper ces maudits cheveux. Riton vois-tu a pris beaucoup d’importance à bord, il est même devenu le coiffeur du commandant. Ce soir l’opération délicate a eu lieu. Il y avait deux spectateurs et je n’étais pas tout à fait à l’aise. Je voyais mes pauvres cheveux tomber tout autour de moi. Le bruit des ciseaux devenait de plus en plus insupportable. Je me cramponnais à la chaise pour ne pas sauter en l’air. Pris soudain d’un terrible pressentiment, je passai soudain ma main dans mes cheveux. Un quart d’heure après, je revenais à moi grâce à trois types qui se relayaient pour me faire la respiration artificielle et aussi grâce à de l’ammoniaque. Les cheveux étaient tellement courts que je m’étais évanoui. Peu après Riton terminait son œuvre. Quand je me suis regardé dans une glace, j’ai ri de mes frayeurs passées. Si mes cheveux étaient courts, ils étaient très bien coupés. Il y a quand même une chose que j’ai décidé, c’est de ne plus passer chez le coiffeur avant de rentrer.

A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 1111010854301403658991643

Gibraltar, le 9 septembre 1962

. . .
Je vais maintenant te raconter une petite histoire pour que tu comprennes la suite et pour cela, je suis obligé de revenir trois jours en arrière. Nous nous en doutions, mais maintenant c’est certain, le commandant va muter. Nous avons alors décidé de lui offrir un cadeau. Il y a eu une petite réunion pour discuter de la question. On s’est mis d’accord pour acheter un poste de radio transistor. Le bénéfice des officiers et des civils donne trois livres (sterling) et le bénéfice de la cantine s/off et mat donne neuf livres. Je crois qu’on a encore abusé de nous, mais tant pis. Le soir même de la réunion, le premier lieutenant a été acheter le poste et sans prévenir personne, il a donné le cadeau au commandant. Je crois que ça nous a vexés car Roger a été dire au commandant que nous n’étions pas d’accord et que la manière d’agir du premier n’était pas correct. Le vieux a été d’accord et il a décidé qu’on lui remettrait officiellement le cadeau samedi devant tout l’équipage.
Ceci dit, je continue la journée d’hier.
Aux environ de onze heures, on s’est lavé et on s’est mis en tenue à peu près propre et on s’est réunis sur la plage arrière. J’ai l’impression que le premier a compris car il paraissait gêné et fâché. Le vieux s’est amené et on lui a remis le poste. Il a déballé le paquet et a très bien joué l’émerveillement. . . . On a bu deux verres de Martini, mangé quelques noisettes grillées et salées. On a discuté puis il était temps d’aller dîner.

Gibraltar, le 11 septembre 1962

. . .
L’indicatif de radio Gibraltar est une marche bien connue et je me demande comment elle est arrivée ici. Il s’agit du « Régiment de Sambre et Meuse ». Si tu ne la connais pas, fais le moi savoir, je t’écrirai la musique. Il ne faut pas te sentir obligée de m’écrire que tu ne la connais pas si tu la connais, uniquement dans le but de me donner du travail supplémentaire. Je suis déjà assez fatigué comme ça.

Gibraltar, le 12 septembre 1962

Bonjour ma Patate, (petite patate)

Il y a des jours où je me sens vraiment gentil ainsi ce soir je suis rempli de bonté.
. . .
Aujourd’hui mon Amour, j’ai une grande histoire à te raconter. C’est l’histoire d’un petit voyage que nous avons effectué sur et dans le rocher et ça, sur le compte de messieurs les anglais. Ils nous devaient bien ça ! Hier, j’ai oublié de te le dire, on nous avait prévenu qu’il y avait une excursion OBLIGATOIRE et que ça se passerait dans la matinée de neuf heures et demi à midi. Il fallait être en short blanc et ça ne me plaisait guère. J’ai fait tout ce qui était possible pour ne pas y aller, mais il n’y a pas eu moyen.
Ce matin j’étais le seul qui n’avait pas son équipement en ordre. J’ai dû un peu travailler pour être en ordre et malgré le peu de temps consacré à mon équipement, je n’étais pas plus sale que les autres. Roger m’avait prêté une chemise et la coiffe de mon képi était encore mouillée.

A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 1111010854511403658991646

A neuf heures trente juste, nous avons embarqué dans le carrosse mis à notre disposition par les « English ». Ce n’était qu’un vulgaire camion avec deux grands bancs à l’intérieur. Le peu d’intelligence que je possède m’a servi car je suis monté le dernier et à cause de ça j’ai eu la chance d’être juste à l’arrière ce qui me permettait de voir un peu du paysage. Je dois te dire que je partais sans grand espoir de m’amuser.
La première chose que nous avons faite, est contourner la ville en « Full speed ». Il n’y avait rien d’intéressant à voir. La route longeait des groupements de maisons préfabriquées, destinées à loger les familles des marins qui se trouvent stationnés ici. Ce n’est pas vilain, mais ce n’est pas un endroit que je voudrais habiter. Ca me fait un peu penser au quartier près de la maternité à Ostende. On manque totalement d’intimité, surtout ici parce que ce sont de petits buildings. Une fois la ville contournée, nous nous sommes dirigés vers la plage. Au lieu de nous y rendre, à un certain moment nous avons changé de direction et nous avons emprunté une petite route de montagne. La route n’a pas duré longtemps car sommes entrés dans un tunnel. Ce tunnel traverse le rocher sur presque toute sa largeur. Le sol n’était pas très carrossable, il n’était pas très bien éclairé et surtout, il sentait mauvais. C’était une odeur de gaz d’échappement. Quand nous avons eu quitté ce sinistre endroit, nous étions juste en face de la mer sur une petite route de corniche qui longeait le rocher. Ma position à l’arrière me permis de voir qu’il y avait une quantité de petites plages entourées de rochers. Nous avons ainsi roulé un certain temps puis on s’est arrêté pour admirer leur réservoir d’eau douce. On n’a vu que le mur et je ne saurais te dire s’il y avait de l’eau dedans. Près de ce réservoir il y a un tunnel qui traverse le rocher sur toute sa largeur et il arrive en plein dans la base à une centaine de mètres de l’Eupen. Il est réservé aux gens de la base et je crois que dimanche je l’emploierai car il y a à sa sortie une très jolie petite plage. Le seul ennuis c’est que l’après﷓midi il n’y a jamais de soleil. Seulement, que ne ferait-on pas pour être tranquille ?
Quand nous eûmes bien vu la plage, le réservoir d’eau et l’entrée du tunnel nous avons fait demi-tour car la route ne va pas plus loin. Nous avons fait le même chemin ou plutôt à peu près le même car nous avons traversé un autre tunnel qui était un peu mieux éclairé. Nous croyons que c’était déjà fini car on était revenu à l’entrée de la base. Mais ça ne faisait que commencer.
Nous avons pris une autre direction et directement on s’est mis à grimper. Placé comme je l’étais j’ai eu la chance d’admirer le paysage. Je commençais déjà à moins regretter ce petit voyage. Je n’avais jamais été de ce côté et il faut bien l’avouer, c’est plus joli que la ville. Ce n’est pas encore la campagne mais il y a beaucoup de verdure. Les maisons sont aussi très jolies parce que de toutes couleurs et de style légèrement espagnol. Ce côté du rocher est arrangé avec un très bon goût. Il faut dire aussi que ce n’est pas du tout un quartier pauvre. Il y a quelques parcs publics et de très charmantes propriétés privées. J’en ai vu plusieurs avec piscines ultra modernes tel qu’on les voit dans les films sur la Floride. Il y en a d’autres avec des golfs miniature. Le côté bizarre de Gibraltar est que l’on ne sait jamais ou commence le militaire et où fini le civil. Entre deux quartiers on voit régulièrement un poste de contrôle et quelques bureaux ou alors une petite caserne. Septante cinq pour cent des routes sont interdites parce qu’elles se trouvent sur des domaines militaires.
Après avoir roulé un certain temps nous sommes entrés dans une base où se trouvent les ateliers de réparation et de construction. Ces ateliers sont entièrement construits dans le rocher. Il faut reconnaître que pour creuser tout ça, il a fallu un sacré courage. Nous avons visité une partie des ateliers et ça ne m’a guère intéressé. Les machines qui s’y trouvaient ainsi que les travaux exécutés ne m’étaient pas inconnus et c’est pour ça que je me serais volontiers passé de cette visite. Nous avons vu un grand garage, un atelier d’ajustage et un atelier d’électricité. Les machines n’étaient pas modernes du tout. Il est vrai aussi que comme dans toutes les armées, on ne montre que ce qui est permis et s’il y a des choses intéressantes à voir, on ne les montre pas. Après cette visite éclair nous sommes remontés dans le camion.
Comme il n’y a qu’une seule route pour arriver à ces ateliers, nous avons fait le chemin en sens inverse. C’était un peu mieux parce que, je ne l’avais pas remarqué à la montée, on longeait la mer sur une certaine distance.
Nous avions un matelot anglais qui nous servait de guide et le conducteur était un espagnol civil. Dans les côtes il conduisait très bien. Je te raconterai tout à l’heure quelques-uns uns de ses exploits.
Au milieu du chemin du retour, nous avons changé de direction et la route a recommencé à monter. Ce n’était plus comme avant une belle route asphaltée, mais une sale petite route de montagne très étroite et avec beaucoup de tournants en épingle à cheveux. C’est ici qu’on s’est aperçu que le chauffeur était un as. Tu me diras que c’est son métier, c’est juste mais je l’ai admiré quand même. Il ne savait pas prendre les tournants en une fois et il devait faire des manœuvres. J’étais très mal placé car je voyais où on pouvait tomber s’il ratait son coup. Je t’ai dit que c’était un bon chauffeur donc il ne faut pas avoir peur mon Amour, ce n’est pas un fantôme qui t’écrit mais ton mari en chair et en os car il n’y a pas eu d’accidents. Il s’en est fallu de peu d’ailleurs car plus d’une fois les roues arrière se trouvaient à une trentaine de centimètres du vide. Le seul ennui est que si le camion était tombé, nous n’aurions pas su continuer l’excursion car on se serait retrouvé directement à bord. On voyait le petit Eupen dans le fond et il était encore plus petit.
Cette petite excursion devait nous conduire à la « Cave St Michel ». C’est une très grande grotte naturelle. Elle nous a offert le spectacle assez décevant d’une petite organisation lucrative. Quand elle fut découverte, elle dut être très belle, mais maintenant avec l’éclairage électrique de couleurs différentes l’effet est très joli mais ça ne ressemble pas à une beauté naturelle. Il y a aussi de très jolis escaliers en ciment et des ponts, le tout assez choquant car ça ne devrait pas exister dans une grotte. Le plus triste est encore toutes les inscriptions et graffitis que l’on retrouve partout sur les parois, les stalactites et les stalagmites. On y retrouve des serments d’amour et des dates. Ce n’est quand même pas l’endroit pour inscrire ça. Mais que veux-tu faire, l’homme civilisé est vandale et est incapable de respecter les belles choses. On retrouve aussi par terre une quantité impressionnante de vieux papiers et de boites de conserve. Il est possible que si je l’avais visitée cette grotte tout seul et avec une lampe de poche elle m’aurait tout de suite paru plus jolie. Normalement une visite de grotte, même toute petite ne devrait jamais se faire en groupe car il faut un certain recueillement pour apprécier la majesté de ces monuments naturels.

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A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 1111010854141403658991641 (C'est moi)

Quand la grotte nous eu livré tous ses secrets, nous avons repris possession de notre véhicule et la promenade continua. Le chauffeur a renouvelé ses prouesses car nous empruntions toujours les chemins de la montagne.
Il y a des singes à Gibraltar et tu le sais peut-être, une légende dit que les anglais ne seront jamais chassés de Gibraltar tant qu’il y aura des singes.
La visite suivante fut donc pour ces petits mammifères qui ressemblent tant aux anglais et à l’adjudant. Ils sont amusants et ils vivent en liberté. Je crois seulement que malgré leur liberté ils sont apprivoisés car ils restent toujours au même endroit. Ils passent leur temps à voler le sac des dames et les appareils photographiques et aussi à entrer dans les voitures. Pendant que nous étions là, ils ont fait quelques grimaces, sont montés sur le camion et le reste du temps ils ont mangé des pommes de terre crues. Ils enlevaient l’épluchure et mangeaient le reste. Ces petites bêtes ne sont pas très nombreuses et si je tire des conclusions, je crois que les anglais ne resteront plus très longtemps ici. Si plus haut j’ai dit « Ces petites bêtes », c’est parce qu’en effet ils ne sont pas très grands. Ils ont à peu près la taille d’un chien ordinaire. Ils sont entre le jaune et le gris et ils n’ont pas de queue.
Quand on est remonté dans le camion, ils se sont sauvés et ont été se réfugier dans les arbres. Notre excursion n’était pas encore finie car on a roulé encore un certain temps sur les sales routes. Notre escale suivante se fit au beau milieu d’un tournant. Le camion ne savait plus aller plus loin. Une promenade en montant, un kilomètre à pied nous conduisit à la « Upper Gallery ». C’est un terrible souterrain dont l’entrée est gardée par un gros canon de 1874. Ce tunnel creusé à la main fait en partie le tour du rocher et tous les dix mètres il y a un trou qui donne vers l’extérieur. Ces trous servent de meurtrières et il y a un canon en face de chacun. Ces trous sont dirigés soit vers l’Espagne soit vers la mer.
Au milieu du souterrain il y a une énorme salle toujours creusée dans le rocher. Tout autour de la salle il y a aussi des meurtrières et devant chacune un canon. On se rend compte ainsi que Gibraltar a toujours été bien défendu. Les canons sont évidemment un peu rouillés mais ils sont encore impressionnants. Quand on eu tout vu on a fait le chemin en sens inverse et on est remonté dans le camion. C’était la dernière visite et le retour s’effectua à une allure vertigineuse. Nous sommes arrivés à bord à midi dix juste et comme nous avions faim, le dîner n’était pas fait. Il a fallu attendre une heure avant de pouvoir manger.

Gibraltar, le 13 septembre 1962

Bonsoir ma Chérie,

Je vais commencer par t’annoncer une mauvaise nouvelle. Je n’ai pas de courage et je ne sais vraiment pas ce que je vais écrire. Je vais maintenant te raconter comment on s’occupe de nous en haut lieu. Ca s’est passé avant hier et si je ne t’en ai pas parlé plus tôt, c’est que ça m’est sorti de la tête. Avant hier donc nous avons reçu un message qui nous disait : « Avons bien reçu votre rapport : Appareillez en direction de Brest – Enverrons un MSO pour vous escorter. ». Le rapport dont parle le message est celui que nous avions envoyé de Malaga. Ce qui veut dire qu'il y a plusieurs personnes différentes qui s’occupent de nous et nous donnent des ordres totalement opposés. Que c’est beau l’administration et l’organisation militaire. Il est grand temps que ces bureaux se dépeuplent et que l’on remplace ces gâteux par des gens un peu plus virils et un peu moins nombreux.
Autre chose maintenant, je vais te parler d’un tout autre sujet mais qui a pourtant un rapport avec nos chers organisateurs du pays. Ce dont je veux parler est tout simplement la distribution du courrier. Je dois te dire que je n’ai encore reçu aucune nouvelle de toi ni de personne. Il est vrai que c’est le cas de tout le monde. Aujourd’hui l’électricien a reçu une carte de sa femme et elle lui demande s’il avait déjà reçu les cinq lettres qu’elle avait envoyé. C’est à se demander ce qui se passe à la poste. Je me suis arrêté un instant pour discuter et pendant ce temps il est arrivé un message disant que le sac postal arriverait demain ou bien après demain. Il n’y a pas à dire, on fait tout pour nous garder le moral.
Hier, juste après avoir terminé ta lettre, j’ai discuté avec Roger et Riton à propos d’un piège à cancrelats. Evidemment à force d’expliquer mon plan, j’ai réveillé le premier lieutenant. Ca ne lui a sans doute pas plu car je devais passer au rapport ce matin. Dès que j’ai su ça, j’ai été chez l’adjudant et j’ai demandé une feuille de papier ministre pour demander ma mutation. J’expliquais, pour l’avoir, que je ne savais plus vivre avec un con qui avait l’ouille si fine et le sommeil si léger. Le premier est passé et il a demandé ce qui se passait. En me voyant fâché, il m’a dit que je ne passerais pas au rapport mais que pendant quatre jours, je devrai me lever à six heures du matin. L’imbécile ne se rend pas compte que je trouverai un moyen naturel de le réveiller aussi. C’est un véritable bébé. Il m’a dit comme ceci : « Vous m’avez ennuyé, je vais vous ennuyer aussi ».
. . .
Le chef machine a été voir l’état de l’axe que les anglais nous fabriquent. Il paraît que le travail avance, mais ça ne nous dit pas encore quand nous pourrons quitter ce charmant lieu de vacances.
Je vais maintenant te quitter car je vais aller prendre une douche et il est déjà onze heures. Je continuerai demain matin après six heures.

Gibraltar, le 14 septembre 1962

Bonjour mon Ange,

Contrairement à ce que tu peux croire, il n’est pas six heures du matin, mais bien sept heures vingt du soir. Tu te demandes évidemment comment ça se fait et tu penses que je suis fainéant. A la rigueur, je veux bien être fainéant, mais cette fois-ci, ce n’est pas tout à fait de ma faute. On a tout simplement oublié de me réveiller à six heures ce matin.
Je suis, en train d’écouter l’émission des jeunes à radio Tanger et j’ai déjà entendu « Les Cousins » qui ont chanté « Parasol » en français et en les écoutant, je me demandais s’il y avait eu quelque chose au « Nouvelle Vague (Pour le jeune lecteur, le « Nouvelle Vague » était un dancing situé sur le toit du casino d’Ostende où « Les Cousins » s’étaient produits tout l’été 1961).
. . .

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(Photo Roland Oostende)

Quand tout sera prêt, on s’assiéra sur le divan et nous nous raconterons nos souvenirs. Nous n’avons pas encore neuf mois de mariage et nous avons déjà des souvenirs à évoquer.
. . .
Cet après-midi Roger a fait sa lessive et comme il n’en avait pas beaucoup, il a fait une partie de la mienne. Il était temps parce que il y a déjà longtemps que j’aurais dû la faire et je n’avais pas le courage. J’espère qu’il l’a fait convenablement et que mon linge sera propre sinon, je ne le lui confierai plus. Je suis certain que tu es en train de penser que je suis méchant. Pour une fois ma Chérie, je suis d’accord avec toi.
Bien que la base ici ne soit pas grande, il y a quand même une cale sèche pour porte-avions et aujourd’hui celui qui était dedans est sorti. La seule chose du spectacle qui m’ait intéressé, est le travail d’un remorqueur à roue. Tu sais, des roues comme sur les anciens bateaux du Mississippi ou encore maintenant sur le Rhin. Ce remorqueur était amusant car je me croyais transporté à une autre époque. Une époque où j’aurais porté le chapeau haut de forme, le monocle des énormes cravates et une cane. Tu aurais eu toi des chapeaux très fantaisistes, on aurait jamais vu tes jolies jambes, même si le vent était parvenu à soulever ta robe car elles auraient été entourées par un pantalon à dentelles. Tu aurais peut-être porté une perruque et tu aurais aimé me voir porter les favoris et la moustache. Mais cette époque est révolue et la vie est bien plus facile maintenant. La seule chose qui reste de cette époque est le remorqueur à roue du port de Gibraltar.

Gibraltar, le 15 septembre 1962

Tu ne peux savoir comme la journée fut belle pour moi car vers onze heures j’ai reçu toute ta correspondance.
. . .
Tu as compris maintenant que j’avais raison de te dire qu’au ministère il n’y a que des cons. Pour que l’on te raconte que j’ai quitté Gibraltar pour Toulon, ils faut qu’ils soient très au courant de l’endroit où se trouvent leurs bateaux.
. . . C’est tout à fait normal que tu aies pleuré.

Gibraltar, le 16 septembre 1962

. . .
Je crois bien ma Chérie que tes souhaits seront exaucés car si je ne me trompe pas, l’Eupen ne naviguera plus pendant un certain temps. La réparation que nous faisons en ce moment, n’est que tout à fait provisoire. Ce nouvel axe n’est pas dans le bon acier et en plus il n’aura subit aucun traitement thermique en vue de l’améliorer. Il ne servira que pour le voyage Gibraltar Ostende. Il y a encore une quantité de travaux à faire exécuter. Même une partie de ce qui a été fait à Toulon devra être refait. Avec la vitesse qu’ils vont pour réparer à Ostende, je suis sûr que ça prendra très longtemps.

Gibraltar, le 17 septembre 1962

. . .
Je t’ai écrit je ne sais plus quand que je devais encore aller en ville, au moins encore une fois . . .
Maintenant je t’explique pourquoi je suis sorti aujourd’hui au lieu de mercredi.
C’est une vielle histoire qui vient d’être déterrée. Ca date de l’arrivée du premier lieutenant sur le bateau. Pendant dix jours consécutifs, je lui ai dit bonjour, la première fois que je le rencontrais dans la journée et pas une fois il n’a répondu. Je veux bien être patient, mais pas faire l’imbécile tout le temps. Alors, je ne lui ai plus dit bonjour. Pendant le voyage, quand je le croisais tout à fait par hasard et par surprise, un réflexe de politesse me faisait lui dire bonjour quand même, mais jamais il ne répondait. Aujourd’hui ce pâle crétin m’a mis au rapport parce que je ne lui ai pas dit bonjour. Tu te rends compte. Je suis décidé à me battre jusqu’à ce qu’un des deux cède, mais j’en ai mon compte d’avoir ce con tout le temps derrière moi en train de me chercher. A cause de ça ma sortie de mercredi était compromise alors, je suis sorti aujourd’hui.

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Le but de ma sortie était très simple et très honnête, je voulais tout simplement t’acheter de la lotion SHERK, mais je n’ai n’en ai pas trouvé. Je vais maintenant te raconter ce que j’ai fait en ville. Je suis sorti à quatre heures cinq de l’après-midi car ici, on peut sortir à quatre heures. Je me suis rapidement dirigé vers la banque pour changer de l’argent. Pour deux cents francs, j’ai eu juste une livre, sept shillings et sept pences. Dès que j’ai eu mon argent, je suis allé au début de la Main Street et là j’ai commencé à entrer dans toutes les pharmacies, toutes les parfumeries, tous les bazars et les autres magasins susceptibles de vendre ça. Je suis même entré chez des légumiers et chez des épiciers qui avaient à l’étalage un parfum quelconque. Ca m’a pris un certain temps car parfois je devais attendre. En plus je devais parfois prendre mon plus bel anglais et expliquer à quoi ça servait. Quand j’ai eu fini la Main Street, j’ai exploré toutes les petites rues à gauche et à droite de la rue principale. Là, j’ai surtout fait des coiffeurs et des coiffeuses. Partout on me renvoyait dans les pharmacies.
Plus le temps passait plus j’étais déçu. J’ai acheté deux cartes avec des timbres et aussi Paris Match. A bord j’avais entendu Robert H. parler d’un café sympathique (C’est rare ici) où il y avait un juke-box avec de beaux disques. Je me suis alors rendu là-bas car j’étais fatigué, j’avais soif et ensuite je voulais écrire les cartes. J’en ai envoyé une à Jean M. et l’autre à toi. La bière était bonne et les disques beaux. Il y avait en particulier « Speedy Gonzales » par Pat Boone.
. . .
La journée d’aujourd’hui s’est passée à essayer de démarrer le moteur de secours pour l’électricité. Je ne suis arrivé qu’à une seule chose, c’est m’abîmer les mains. J’ai la peau qui est partie un peu partout et où elle est restée, ce sont des cloches. Le moteur n’a pas voulu démarrer. Je viens de me renseigner à l’instant, les autres ne sont pas parvenus non plus à le démarrer après mon départ. Ca me fait plaisir. C’est tout ce que l’on a fait sur la journée.

Gibraltar, le 18 septembre 1962

. . .
Je t’ai dit que je devais passer au rapport du crétin. Ca a pris un certain temps, mais quand ce fut fini il était vert de rage de ce que je lui avais dit et moi, je suis sorti sans rien. Il a dû avoir l’impression que c’était lui qui passait au rapport. Après j’ai débouché un tuyau d’écoulement de la cheminée. Ce n’est pas encore fini d’ailleurs parce que j’ai dû aider le chef machine pour le moteur.
La journée s’est passée tranquillement. Pendant quelques jours la semaine passée, le temps n’avait pas été très beau car il y avait du brouillard. Maintenant je dois dire que depuis hier, le temps est de nouveau magnifique. L’après-midi le soleil donne de notre côté et il est vraiment brûlant. Grâce à lui ça fait plaisir de travailler sur le pont. C’est peut-être pour ça que le travail dure si longtemps.
Je m’excuse mon Amour mais j’ai dû te quitter un instant sans te prévenir. Il y a eu un court-circuit dans le câble électrique qui amène le courant au bateau et à cause de ça il n’y a plus eu de lumière. Comme j’étais de quart, il a fallu que je starte la génératrice et ensuite j’ai aidé l’électricien à réparer. Le tout a pris environ une demi-heure. La génératrice tourne encore car si c’est réparé, il manque encore l’anglais de quart pour remettre le fusible. Ce sont des gens si rapides.
. . .
Je passe directement à un autre sujet. Il paraît qu’il y a un sous-marin anglais qui a eu un accident et à cause de ça il a besoin d’une pièce de toute urgence. C’est très beau, mais à cause de ça, notre pièce n’avance pas et elle n’est pas encore à bord. Je me demande combien de temps ils vont encore rester avant de finir le travail. Je dois te dire que j’en ai soupé de tout ce qui touche à Gibraltar et à l’Eupen.


C'est ici que se termine le deuxième partie de "L'Axe cassé"

A une autre fois pour la suite.




Georges

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Georges de Verviers
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MessageSujet: Images de l'Eupen   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyVen 11 Nov 2011 - 21:23

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Bonsoir Francis, bonsoir tout le monde.

Je vais commencer par rassurer, je commence à maîtriser la gestion des images. Ceci me permets donc de vous envoyer quelques images inédites de notre bateau mythique, l'A955 Eupen. Je n'ai pas que ça à faire et je n'ai donc pas encore eu l'occasion de visiter l'entièreté du Forum et je ne peux pas être certain de ce que je vais avancer.

On trouve en général des tas de documents imagés représentant des navires sous toutes leurs formes possible et imaginables. Mais, ce sont très souvent des documentes qui ne montrent que les œuvres mortes. Il est tout à fait exceptionnel de voir représentées les œuvres vives de ces belles unités. C'est ce que je vais faire ci-dessous en montrant l'Eupen dans une cale sèche à Anvers :

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Oui, je vous entend déjà arguer que l'on ne voit pas grand chose de ses parties cachées. Un peu de patience s'il vous plait, une effeuilleuse de montre pas tout d'un coup ses charmes tant désirés. Voici donc la suite :

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En, voor onze Vlaamse vrienden, een artikel van de oostendse krant "De Zeewacht" (Die nog bestaat) over de campagne van 1962.

A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 1111100943361403659032861

Pour ne pas que ça devienne une indigestion, ce sera tout pour aujourd'hui . Et puis, il faut que le plaisir puisse durer un peu plus longtemps.

Comme vous avez pu le remarquer, ces documents n'accompagnent pas de texte. Ca, ce sera pour une autre fois.
Je vous souhaite une bonne fin de WE.


A une autre fois,



Georges
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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyVen 11 Nov 2011 - 22:17

Rassure toi Georges, aucune indigestion avec tes articles et photos A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 405572

La cale sèche à Anvers en 1962 ?
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calamar1942
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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptySam 12 Nov 2011 - 11:49

Tres belle histoire et interessante j'atends la suite
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Michel Verheyden
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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptySam 12 Nov 2011 - 12:28

Bonjour Georges,

Toujours aussi taquin, mais ne cacherais tu pas quelque chose que je ne connais pas encore?

amicalement et bises aux filles Michel
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MIKE
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MessageSujet: Re: A955 Eupen (ex Eureka)   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptySam 12 Nov 2011 - 16:17

bravo bravo SALUT

Georges de Verviers grand écrivain de marine

bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo bravo



A+
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MessageSujet: Euréka   A955 Eupen (ex Eureka) - Page 2 EmptyMar 24 Jan 2012 - 21:10

Bonjour à tous,

Deux petites corrections :
La photo du A955 Eupen de Gérald, est celle de l'Euréka, le poste d'observation de celui-ci a été enlevé en 1957 ou 1958, pour permettre l'installation du radar.
La photo du A955 Eupen de Maurice est celle de l'Euréka avec le canot tribord manquant. (coulé à Ramsgate).

René
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