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Le dernier des trois porte-aéronefs britanniques du type Invincible a fait ses adieux hier à Portsmouth. Le HMS Illustrious, désarmé en 2014, est désormais en cours de remorquage vers la Turquie, où il sera démantelé. Le ministère britannique de la Défense n’est pas parvenu à sauver le bâtiment, pour lequel une transformation en musée avait été envisagée. Faute de moyens et d’investisseurs, il terminera donc sous les chalumeaux comme ses aînés, les HMS Invincible et HMS Ark Royal, vendus à la démolition en 2011 et 2012.
Lancé en 1978 au chantier Swan Hunter et admis au service actif en juin 1982, alors qu’il faisait route vers les Malouines pour renforcer la flotte britannique engagée contre les Argentins, le bâtiment a participé à nombreuses opérations par la suite, notamment en Bosnie en 1998, dans le golfe Persique à plusieurs reprises, en 2000 dans le cadre du déploiement d’une force de paix au Sierra Leone ou encore en 2006 lors de l’évacuation de ressortissants au Liban. Il a aussi assuré une importante mission humanitaire aux Philippines en 2013, suite au passage du typhon Haynan.
En 32 ans de service, le bâtiment a parcouru quelques 900.000 milles. En 2011, suite au retrait du service des Harrier, il avait été reclassé en porte-hélicoptères.
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Seconde unité de sa classe, avec le HMS Invincible comme tête de série (1980) et le HMS Ark Royal pour cadet (1985), le HMS Illustrious mesure 209 mètres de long pour 36 mètres de large et affichait un déplacement de 22.500 tonnes en charge. Capable d’atteindre 28 nœuds et armé par un équipage de plus de 1100 marins, dont près de 300 pour le groupe aérien embarqué, il pouvait embarquer jusqu’à 22 aéronefs, soit 16 avions à décollage court et appontage vertical Harrier, ainsi que 6 hélicoptères, dont des Sea King gréés pour l’alerte lointaine.
Conçus au début des années 70 pour l’escorte des convois alliés dans l’Atlantique, les Invincible ont constitué un tournant stratégique pour la Royal Navy, qui abandonna à cette époque les porte-avions à catapultes. Une erreur considérable qui prive depuis le pays d’un véritable outil de projection de puissance, l’aviation embarquée étant limitée en autonomie et en capacité d’emport d’armement.
Etonnamment, ces contraintes inhérentes à la mise en œuvre d’avions à décollage court et appontage vertical vont perdurer avec les deux nouveaux porte-avions britanniques, qui reposent sur le même concept malgré une taille bien supérieure (280 mètres pour 65.000 tpc). En achèvement à flot au chantier Babcock de Rosyth, le HMS Queen Elizabeth va bientôt débuter ses essais en mer et rejoindra rapidement Portsmouth. Doté comme les Invincible d’un tremplin, il pourra embarquer jusqu’à 40 F-35B, hélicoptères et drones. Alors qu’il ne devrait pas réaliser son premier déploiement opérationnel avant 2021, son sistership, le HMS Prince of Wales, devrait être mis à l’eau l’an prochain.