L’épave d’un croiseur allemand coulé lors de la Seconde Guerre Mondiale a été découverte au large de la Norvège Signé le 28 juin 1919, le Traité de Versailles imposa d’importantes restrictions militaires à l’Allemagne. Ainsi, la conscription fut supprimée, l’effectif de son armée étant limité à seulement 100.000 soldats. Quant à ses forces navales, elles ne devaient plus compter que 15.000 marins et 24 navires de surface, dont six cuirassés, 12 contre-torpilleurs [destroyers] et six croiseurs.
[b] Mis en chantier en 1927, le Karlsruhe, croiseur léger appartenant à la classe « Königsberg », entra en service deux ans plus tard. D’une longueur de 174 mètres pour un déplacement de 8.130 tonnes à pleine charge, ce navire, fortement blindé, était mis en oeuvre par un équipage de 820 marins. Il était notamment armé par neuf canons à tirs rapides, deux canons de 88 mm et 12 tubes lance-torpilles de 533 mm. Enfin, il pouvait mouiller jusqu’à 120 mines.
Dans un premier temps, le croiseur Karlsruhe fut utilisé comme navire-école, ce qui le mena à faire plusieurs missions autour du monde. Au cours de l’une d’elles, un typhon l’endommagea alors que, parti du Japon, il se dirigeant vers San Diego, aux États-Unis. Puis, en 1937, il fut engagé dans la guerre d’Espagne.
Quand débuta la Seconde Guerre Mondiale [1er septembre 1939], le Karlsruhe était en cours de modernisation au chantier naval Kriegsmarinewerft. Mais il reprit la mer en avril 1940, au moment de l’opération Weserübung, qui, lancée contre la Norvège et le Danemark, devait notamment permettre à l’Allemagne nazie de sécuriser ses approvisionnements en minerai de fer en provenance de la Suède. Ce qui donna lieu à la bataille de Narvik, à laquelle participèrent les troupes françaises et britanniques.
Mais cette opération sera fatale au Karlsruhe, alors chargé d’appuyer le débarquement des troupes allemandes à Kristiansand. En effet, le 9 avril, il croisa la route du sous-marin britannique HMS Truant, qui lui envoya une torpille dans sa salle des machines. Prenant rapidement de la gîte, le navire allemand fut évacué par son équipage. Et le torpilleur Greif reçut l’ordre d’achever son naufrage en tirant deux autres torpilles. À noter que le sous-marin de la Royal Navy s’illustrera par la suite en Méditerranée et dans l’océan Pacifique, où il prit part à la bataille du détroit de Badung contre les forces impériales japonaises.
La dernière position du croiseur allemand fut oubliée… Jusqu’en juin dernier. Il y a trois ans, lors de travaux d’inspection d’un câble électrique sous-marin reliant la Norvège au Danermark réalisés par la société publique norvégienne d’électricité Statnett, un sonar détecta une épave alors non identifiée. Les choses en restèrent alors là. Mais un ingénieur de l’entreprise, Ole Petter Hobberstad, décida de mener des investigations pour en savoir davantage.
Durant cet été, une campagne de recherches a donc été lancée avec le navire Olympic Taurus et un robot sous-marin, à l’endoit où le sonar avait détecté l’épave. Et il s’est avéré que c’était celle du croiseur Karlsruhe.
« Lorsque les images du robot sous-marin nous ont montré un navire torpillé, nous avons réalisé qu’il s’agissait d’un navire ayant coulé pendant la guerre. Lorsque les canons sont devenus visibles à l’écran, nous avons compris que c’était un énorme navire militaire. Nous étions très excités et surpris que l’épave soit si grande », raconte M. Hobberstad, dans un communiqué publié le 6 septembre par Statnett.
L’épave du Karlsruhe gît à 490 mètres de profondeur, à environ 13 nautiques de Kristiansand [sud de la Norvège]. Chose assez rare pour un navire de cette nature, elle repose à plat, dans un relatif bon état de conservation.
« Vous pouvez trouver l’histoire du Karlsruhe dans les livres, mais personne ne savait exactement où il avait coulé. De plus, c’était le seul grand navire de guerre allemand perdu lors de l’attaque de la Norvège. Après toutes ces années, nous savons enfin où se trouve son épave », a commenté Frode Kvalø, archéologue et chercheur au Musée maritime norvégien.